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Communicateur civique

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Hiver 2019 – Numéro 75

Conseil universitaire du 5 février 2019

L’Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés (IVPSA)

L’Institut a été évalué pour la première fois et son statut institutionnel a été renouvelé pour les cinq prochaines années. Au cours de la troisième année de son fonctionnement, il devra produire un rapport annuel de ses diverses activités en fonction des thèmes suivants :son interdisciplinarité, sa viabilité, sa contribution scientifique, sa contribution sociale, son offre de formationaux étudiant.e.s et son rayonnement.Dans ce rapport, l’IVSPA fera également part de ses prévisions de développement pour les deux dernières années de sa reconnaissance institutionnelle. À noter que le dossier soumis aux membres du CU contenait les appuis des quatre doyens suivants : Julien Poitras (Médecine), Francois Gélineau (Sciences sociales), Jean Lefebvre (Pharmacie) et Alain Rochon (AAAD) ainsi que des trois doyennes suivantes : Anne-Marie Laflamme (Droit), Cathia Bergeron (Médecine dentaire) et Mireille Lavoie (Sciences infirmières).

Prenant la parole après la présentation du dossier par le vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes en remplacement de la vice-rectrice à la recherche, à la création et à l’innovation, le professeur Luc Beaulieu (Sciences et génie)  constate qu’une certaine faiblesse dans le fonctionnement de l’IVPSA est manifeste dans presque tous les critères qui ont servi à son évaluation.  Il se demande s’il ne faudrait pas s’en inquiéter ? Le vice-recteur Beauregard répond que le Comité d’évaluation a été rassuré de ce point de vue après avoir tenu deux rencontres avec ses responsables. Il reconnait qu’il est indispensable que son financement soit amélioré dans l’avenir. Le professeur Beaulieu réplique en souhaitant qu’un suivi plus serré de ses activités soit instauré. À ce propos,  la présidente de la Commission des études, Mme Marie Audette, confirme qu’un « accompagnement bienveillant » sera effectivement assuré afin de permettre à l’Institut de mettre davantage en valeur ses contributions scientifiques et de dynamiser son rayonnement international. Signe que la direction de l’Université accorde un grand intérêt à cet organisme social de recherche, la rectrice Sophie D’Amours conclut la discussion en estimant que l’IVPSA parviendra à « se définir d’une manière plus formelle ». De plus, elle affirme sa conviction qu’il saura mettre de l’avant les valeurs sur lesquelles repose son existence et qu’il pourra avoir recours à des outils efficients d’évaluation de ses activités.

Deux restrictions à l’admission au doctorat en médecine

La Faculté de médecine a tenu compte des considérations suivantes pour proposer l’adoption par le CU de deux restrictions à l’admission au doctorat en médecine : 1eque des personnes ayant été inscrites dans un programme d’études médicales postdoctorales (programme de résidence) au Québec, dans une autre province du Canada ou aux États-Unis demandent parfois à intégrer le programme de doctorat en médecine, suite notamment à un abandon ou une exclusion de leur programme ; 2eque des personnes ayant déjà obtenu un doctorat en médecine au Québec, dans une autre province du Canada ou aux États-Unis demandent parfois à reprendre leur formation ou une partie de leur formation au doctorat en médecine. Par exemple, cette restriction  s’appliquerait à un étudiant ayant complété et réussi ses études de premier cycle en médecine, mais n’ayant jamais intégré un programme de résidence. Ce dernier ne serait alors plus admissible au programme de doctorat de 1er cycle afin de reprendre ses études depuis le tout début.

Ainsi, dans le contexte du grand nombre de demandes d’admission au programme de doctorat en médecine et de la limitation des places disponibles, deux nouvelles restrictions à l’admission dans ce programme ont été approuvées par le CU.  À savoir que toute personne ayant déjà été inscrite dans un programme d’études médicales postdoctorales (programme de résidence) au Québec, dans une autre province au Canada ou aux États-Unis et que toute personne détentrice d’un diplôme de doctorat en médecine obtenu au Québec, dans une autre province du Canada ou aux États-Unis verra sa demande d’admission jugée non-recevable. Cette proposition a reçu l’appui du Comité interfacultaire québécois des admissions en médecine et de la Conférence des vice-doyens aux études médicales de premier cycle des facultés de médecine.

 

EN BREF

  • Le programme de certificat en rédaction professionnelle devient le programme de révision professionnelle à la Faculté des lettres et des sciences humaines à partir de la session d’automne 2019;
  • Le programme de maîtrise et de doctorat en sciences cliniques et biomédicales a été évalué. Parmi les propositions d’amélioration adoptées, il faut remarquer les trois suivantes : 1- Que les professeur.e.s se concertent davantage afin d’améliorer la cohérence de la formation ; 2- Que l’on encourage les professeur.e.s à établir des plans de collaboration avec les étudiant.e.s dont ils/elles supervisent les travaux de recherche ; 3- Que l’on encourage la formation de comités d’encadrement au doctorat et que l’on s’assure qu’ils se réunissent sur une base annuelle ;
  • Il y a aura suspension des admissions à partir de l’automne 2019 dans le programme de maîtrise en littérature d’expression espagnole pour cause de faiblesse des inscriptions depuis les cinq dernières années ;
  • Les divers programmes en service social changent tous d’appellation. Ils deviennent des programmes en travail social. En conséquence, leur grade respectif adopte aussi la même appellation.

       Jacques Rivet, cc


Entrevue avec Cory Andrew Labrecque

Professeur à la Faculté de théologie et de sc. religieuses

 

Q– Vous avez donné un nouveau cours à la session d’automne 2018 sur «L’éthique religieuse et l’environnement». Il n’y a aucun doute que vous y étiez bien préparé.

R– Je suis un bioéthicien qui est intéressé aux enjeux éthiques sur le plan médical et environnemental. Pendant une douzaine d’années – à l’Université McGill et ensuite à l’Université Emory (Atlanta, USA) – j’ai donné des cours sur l’éthique, la religion, l’environnement, et la médecine. J’ai un baccalauréat en anatomie et biologie cellulaire, une maîtrise en bioéthique, et un doctorat en éthique religieuse de l’Université McGill. Au niveau de la recherche, je m’intéresse particulièrement à la complexité du concept de la « personne ». Plus jeune, j’ai vécu une épreuve familiale avec la maladie d’Alzheimer de ma grand-mère que nous avons accueillie à la maison pour en prendre soin. Je me souviens qu’on me disait : « Elle n’est plus véritablement ta grand-mère parce que ce n’est plus la même personne que tu as connue en raison de sa maladie.»

J’ai alors été sensibilisé à la question de l’identité de la personne du point de vue philosophique et théologique. La science médicale et les sciences en général ne m’ont pas semblé être un instrument adéquat de réflexion concernant ce problème. La question est profondément interdisciplinaire. Alors, lorsque j’étais étudiant du premier cycle en anatomie, j’ai pris des cours facultatifs en éthique et en sciences religieuseset j’y ai trouvé un outil pour l’examiner comme telle dans une perspective analytique sérieuse. Après avoir complété mon baccalauréat, j’ai entrepris un autre baccalauréat, en sciences religieuses celui-là. Je me suis retrouvé à un carrefour disciplinaire et j’ai alors décidé de concilier mes passions pour la médecine, l’éthique, et la religion. Ainsi, le domaine de la bioéthique m’a permis de réaliser cette synthèse. J’ai rédigé un mémoire de maitrise sur le concept de la « personne » dans le contexte de la maladie dégénérative – comme l’Alzheimer – qui rend, selon certains chercheurs, le souffrant autre que lui-même.

Q– À propos de la maladie de votre grand-mère, vous vous êtes demandé pourquoi elle n’était pas considérée, d’après certains, comme une personne?

R– Exactement. La bioéthique est un domaine interdisciplinaire qui engage, d’une manière constructive, le contexte clinique, la loi, les croyances religieuses et spirituelles, la réflexion éthique, et il faut aussi y inclure la santé environnementale. La bioéthique est ouverte à des questions complexes de ce genre qui exigent la participation et la contribution de plusieurs voix. Dans le cas de ma grand-mère, je voulais décortiquer – et même contester – l’idée que   la définition de la personne devrait s’appuyer sur les fonctions de l’être en question – comme la rationalité, la conscience de soi, et d’autres. Si l’état de personne est quelque chose, selon certains chercheurs, que l’on atteint progressivement avec un certain nombre de fonctions intactes, la prochaine question est : pourrions-nous le perdre si ces fonctions nous laissent ?

Q– Quel défi principal comptez-vous relever dans votre enseignement du nouveau cours dont le thème est « l’ éthique religieuse et l’environnement »?

R– Je cherche à explorer, à travers les diverses traditions religieuses, les valeurs qui s’y trouvent comme ressources susceptibles d’aider à faire face à la crise écologique qui s’annonce ainsi qu’à questionner celles qui seraient contre-productives à cette fin. En somme, je m’efforce d’adopter une approche constructive, analytique et ouverte à propos des problèmes de l’environnement en m’inspirant de ces traditions. Et je souhaite inculquer à mes étudiant.e.s cette même ouverture d’esprit.

Q– Vous arrivez à une première étape de votre carrière universitaire qui est propice à l’innovation et à la création. Vous sentez-vous stimulé et inspiré par vos étudiantes et étudiants à ce sujet?

R– Dès mes premiers échanges avec les étudiantes et étudiants au début de mon enseignement, j’ai réalisé, en raison de leur intérêt et de leur enthousiasme, qu’être professeur était moins une tâche qu’une mission et, mieux encore une vocation. Je l’observe maintenant ici comme, précédemment,  à l’Université McGill et à l’Université Emory. Leurs questions sur des problèmes souvent difficiles à solutionner me stimulent. Il faut partir de leur réalité en abordant des sujets inspirés par la vie quotidienne et l’actualité. Il faut aussi étudier des cas pratiques comme, par exemple, celui d’un jeune enfant de cinq ans dont l’état de santé en phase terminale pose la question de savoir s’il faut poursuivre les traitements médicaux agressifs ou recourir aux soins palliatifs. Un tel cas aborde le problème du pouvoir décisionnel des parents et celui de l’implication de l’enfant dans le choix à faire à ce sujet.

Q– Je pose souvent la question suivante aux professeures et professeurs : comment conciliez-vous votre tâche d’enseignement avec celle de la recherche, sachant que cette dernière s’avère un critère prépondérant pour l’avancement dans la carrière universitaire?

R– À mon avis, l’enseignement et la recherche s’alimentent mutuellement. Car il est évident que les questions qui préoccupent les étudiant.e.s dans le cadre de l’enseignement sont également celles qui sont étudiées dans la recherche. Un professeur comme moi doit donc se consacrer à l’une et à l’autre tâche. Actuellement, je rédige un ouvrage  qui s’inspire d’une approche dite « trans-humaniste » laquelle consiste à tenter d’améliorer les capacités cognitives de la personne en utilisant la science et la technologie comme instruments  fondamentaux au service de cet objectif. À ce propos, les transhumanistes se préoccupent de problèmes humains qui accaparent aussi la théologie et les sciences religieuses comme la lutte contre le  vieillissement et contre la mort. Dès lors, pour faire le lien entre l’enseignement et la recherche, un professeur doit placer une question comme les capacités cognitives de la personne au centre de sa réflexion et de son analyse pour y arriver.

Q– Quand vous rédigez un ouvrage, est-ce que vous vous adressez surtout à vos étudiantes et étudiants?

R– Tout dépend de l’ouvrage. Je travaille présentement à la rédaction de trois ouvrages. Le premier livre est sur le concept de la personne dans le contexte de la maladie d’Alzheimer. Le deuxième est sur les religions et l’environnement. Et le troisième, comme je l’ai dit, porte sur le transhumanisme et réfléchit à la prolongation radicale de la vie humaine à la lumière de la tradition catholique. Ce travail vise les personnes engagées dans le magistère et mes étudiant.e.s qui proviennent de toutes les disciplines scientifiques. Il a pour but de participer à la conversation qui s’exprime souvent dans mes cours entre celles et ceux formés dans les sciences médicales et celles et ceux rompus aux sciences religieuses. Il vise à prolonger une situation de dialogue entre ces personnes que j’estime idéale en tant que bioéthicien

                                                                                             Jacques Rivet, cc

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