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Communicateur civique

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Hiver 2015 – Numéro 50

Séance du 1er décembre 2015

Le Conseil universitaire procède à l’évaluation de «deux baccalauréats prioritaires» selon le doyen Jean-Claude Dufour

Les programmes de baccalauréat en génie alimentaire et de baccalauréat en génie agroenvironnemental ont reçu l’aval des membres du Conseil universitaire après avoir pris connaissance du plan d’action du doyen Jean-Claude Dufour de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation. «En guise d’introduction, a-t-il précisé au début de son intervention, ces deux programmes de baccalauréat ont été retenus comme prioritaires au moment de la reconduction de mon mandat à titre de doyen de la faculté.»

Afin que le programme de baccalauréat en génie alimentaire couvre bien les secteurs importants et en émergence dans le domaine, le doyen Dufour a expliqué que deux nouveaux cours ont été créés et qu’un troisième sera offert à partir de la session d’hiver 2017. Quant à la satisfaction des étudiantes et des étudiants à l’égard des stages, il reconnait que «bien que nos diplômés aient exprimé un taux de satisfaction compris entre 10 % et 13 % en rapport aux stages, les étudiants interrogés par l’enquête d’autoévaluation et qui fréquentent présentement le programme ont montré un taux de satisfaction supérieur à 85 %.»

En ce qui concerne le baccalauréat en génie agroenvironnemental, Jean-Claude Dufour rappelle que le comité de programme analyse sa structure et envisage de bonifier le cours Projet d’ingénierie «qui passera de trois à quatre crédits». Deux autres cours de conceptions, obligatoires, seront également enrichis d’un crédit. Enfin, il informe les membres du CU qu’une nouvelle grille de cheminement du programme est maintenant disponible pour les nouvelles étudiantes et les nouveaux étudiants. Elle sera incessamment disponible sur le site web de la faculté.

Le président Pascal Daleau de la Commission de la recherche a présenté le rapport sur l’évaluation du Centre de recherche et d’intervention sur l’éducation et la vie au travail (CRIEVAT). Il a d’abord regretté que les réductions budgétaires du Gouvernement québécois mènent actuellement à des suppressions de postes dans le milieu de l’éducation; mesure qui touche directement les possibilités de placement des étudiantes et des étudiants du CRIEVAT. Puis il souligne que son financement «est actuellement critique pour son avenir». Il insiste sur le fait que des mesures doivent être prises rapidement «pour accroître le financement individuel des membres». Au problème du financement, le rapport de la Commission de la recherche ajoute la question du nombre de ses diplômés et celle des publications de ses membres dans des revues avec comité de lecture (RAC). Les membres du CU ont donc renouvelé le statut de centre de recherche reconnu au CRIEVAT pour les cinq prochaines années en exigeant un rapport d’étape de sa part dans trois ans sur les dits points à améliorer.

EN BREF

– Le professeur Serge Talbot a présenté son dernier rapport annuel en tant que directeur général du premier cycle. Il a  été l’objet des éloges du recteur Denis Brière pour le travail accompli au cours des 13 années passées dans sa fonction; les membres du CU approuvant le geste du recteur en le manifestant par leurs applaudissements;

 

– Les admissions ont été suspendues dans quelques programmes: le baccalauréat en ethnologie et patrimoine, le diplôme d’études supérieures spécialisées en muséologie et la maîtrise interdisciplinaire en art;

– L’École des arts visuels devient l’École d’art;

– La maîtrise et le doctorat en sciences et technologie des aliments s’appelleront désormais la maîtrise et le doctorat en sciences des aliments;

– Un diplôme d’études supérieures spécialisées en pratique de première ligne en nutrition a été créé à la Faculté de l’agriculture et de l’alimentation. Plusieurs membres du CU ont compris que cette innovation était une première étape vers la création d’une maîtrise professionnelle dans la discipline.

 

                                                                                                                 Jacques Rivet, cc


«Vingt fois sur le métier…» 

La professeure Chantal Pouliot documente son milieu de vie dans Quand les citoyen.ne.s soulèvent la poussière1 à propos de la poussière métalique à Limoilou

Chantal Pouliot

Chantal Pouliot, professeure titulaire, Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage.

 

Q : L’idée vous est venue de ce livre parce que vous êtes citoyenne de Limoilou ou parce que vous êtes chercheure universitaire?

Je me consacre depuis plusieurs années à l’enseignement et à l’apprentissage des controverses à teneur scientifique, technologique, politique, éthique et économique. Mes travaux s’inscrivent dans un courant de l’éducation aux sciences qui concernent les questions scientifiques, dites socialement vives (ou socioscientific issues, en anglais). En ce sens, c’est à titre de chercheure universitaire que je me suis d’abord intéressée à la controverse ayant débutée le 26 octobre 2012 autour des impacts environnementaux et sanitaires des pratiques de transbordement de minerais dans le Port de Québec. Quelques mois après le début de la controverse, alors que je rédigeais un article que je souhaitais soumettre à une revue internationale anglophone en sociologie des sciences (Public understanding of science), l’idée m’est venue d’écrire un livre destiné aux citoyen. ne. s concerné. e. s et intéressé. e. s par la présence de poussière dans les quartiers centraux de la Ville de Québec. Car j’étais plutôt mal à l’aise à la pensée d’écrire un seul article en sociologie des sciences sachant que les personnes concernées ne pourraient y avoir accès. Évidemment, comme je suis citoyenne de Limoilou, la gestion sociopolitique de la situation m’intéressait également au plus haut point.

Q : En quoi ce travail peut-il être un exemple d’implication sociale et scientifique d’une universitaire dans sa communauté d’appartenance?

L’implication sociale et scientifique d’une universitaire dans sa communauté d’appartenance peut prendre différentes formes. En ce qui me concerne, rédiger le livre et en assurer les suites (entrevues, présentations, écrits, etc.) a constitue une façon de mettre à contribution mon expertise. Plus encore, offrir un portrait positif des capacités citoyennes et mettre en exergue les contributions significatives à la gestion sociopolitique de la situation est une façon de tenter de participer à la co-construction d’un monde meilleur, plus sain.

Q : Votre intention était-elle de rédiger la petite histoire d’un cas d’une participation citoyenne afin de le rendre accessible aux étudiantes et étudiants des niveaux d’enseignement?

Le livre est d’abord et avant tout destiné aux citoyen. ne. s concerné. e. s par la présence de poussière dans les quartiers centraux de la ville de Québec. Cela dit, depuis sa sortie, des personnes d’horizons divers l’ont lu : des élu. e. s, des enseignant. e. s du primaire, du secondaire et du collégial, des avocat. e. s, des chercheur. e. s en sciences dites sociales et de la nature. Le livre a aussi été lu par des étudiant. e. s inscrit. e. s dans mes cours. J’en suis particulièrement ravie car il fournit une réponse à la question mainte fois formulée depuis dix ans « Y a-t-il des exemples locaux et récents d’engagement citoyen réussi dans une controverse à teneur scientifique? ».

Q : Votre ouvrage ressemble davantage à un grand reportage journalistique qu’à un rapport scientifique. Ne pensez-vous pas que votre implication comme chercheure universitaire passe par un rôle de journaliste politique que vous vous êtes donné? « Quand les citoyen. ne. s soulèvent la poussière » est un récit journalistique qui a l’originalité de décrire la démarche rédactionnelle de l’auteure tout en racontant le cas. Pourquoi une telle transparence, occasionnelle en journalisme mais inhabituelle en communication scientifique?

C’est une question intéressante. Je vois mon livre comme le compte rendu accessible d’une analyse de cas. J’ai souhaité que ce compte rendu garde quelques traces de l’approche méthodologique et ethnographique que j’ai utilisée en m’entretenant avec les acteurs et actrices impliquées; en assistant aux rencontres sociopolitiques et citoyennes; en analysant les articles, lettres d’opinion et entretiens publiés dans les journaux. C’est d’ailleurs dans cet ordre d’idées que les photos et figures sont identifiées par la mention « documents » dans l’ouvrage.

Q : Ce cas exemplaire de participation citoyenne est figé dans le temps par cet ouvrage. Comment y donner suite dans la mesure où il est à prévoir qu’il aura des développements dans l’avenir?

Dans le livre, j’ai éclairé les modalités de l’engagement citoyen par la documentation de la situation. Depuis la fin de l’été, beaucoup d’événements sont survenus et la controverse autour de la poussière métallique continue d’être vive du point de vue politique et scientifique. En ce moment, j’envisage la rédaction d’un ouvrage qui portera sur l’histoire de la controverse et qui documentera les trajectoires argumentaires des différents groupes d’acteurs concernés. Je travaille aussi sur un recueil de lettres et textes rédigés par les citoyens et publiés dans les médias. Enfin, je compte suivre le développement des deux recours collectifs afin de documenter l’utilisation des savoirs et de l’expertise scientifiques en cour.


1- Pouliot, Chantal, Quand les citoyen.ne.s soulèvent la poussière, la controverse autour de la poussière
métallique à Limoilou, Les Éditions Carte Blanche, 2015, pp. 84, ISBN: 978-2-89590-271-3.

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