Menu

Communicateur civique

— Retour

Été 2015 – numéro 47

Conseil universitaire du 9 juin 2015

La séance débute avec un ordre du jour chargé et prend fin à la limite du quorum

La création de deux programmes d’études en théologie orthodoxe, l’évaluation d’un centre de recherche, de trois programmes de maîtrise et de doctorat et d’un programme de baccalauréat ainsi que la révision des critères de promotion professorale de trois départements ont accaparé l’attention des membres de la dernière séance du Conseil universitaire. Débutant avec un nombre confortable de membres présents, celle-ci s’est terminée à la limite du quorum fixé à 32 personnes déléguées.

La théologie orthodoxe

Le doyen de la Faculté de théologie et de sciences religieuses (FTSR), le professeur Gilles Routhier, a présenté les nouveaux programmes de Certificat et de Diplôme d’études supérieures spécialisées en théologie orthodoxe en insistant sur le fait qu’à la suite d’une demande faite en ce sens par l’Institut de théologie orthodoxe de Montréal (ITOM), il n’a pas hésité en accord avec son équipe de direction à prendre la relève de l’Université de Sherbrooke qui a fermé sa propre faculté, le 1er mai 2015. Le professeur Robert Lagacé (Faculté des sc, de l’agriculture et de l’alimentation) a d’abord fait préciser au doyen Routhier que les cours de ces programmes seraient dispensés hors campus à Montréal. Puis il lui a demandé quel serait le statut des enseignants de l’ITOM qui donneront les cours. Ce à quoi Gilles Routhier a répondu qu’ils auraient le statut de professeurs associés de la FTSR.

Les évaluations périodiques

L’avis de la Commission de la recherche concernant le renouvellement du statut institutionnel du Centre interuniversitaire d’études et de recherches autochtones (CIERA) mentionne que celui-ci démontre un haut niveau de transfert de connaissances, de l’université à la société. Le document ajoute que ce centre joue «un rôle interuniversitaire de premier plan » en fédérant les forces vives de la recherche autochtone au Québec. Les membres du CU ont donc renouvelé le statut de « centre reconnu » du CIERA pour cinq ans tout en demandant que sa direction présente dans trois ans deux rapports d’étape : le premier sur l’état de l’évolution du nombre de diplômés; le second sur les moyens mis en place pour optimiser la durée des études.

Le Comité institutionnel d’évaluation des programmes (CIEP) est d’avis que les programmes de maîtrise et de doctorat en épidémiologie, en dépit de leur grande qualité, devraient être examinés en fonction de certaines de ses recommandations et suggestions. À ce propos, le CU a approuvé la recommandation de favoriser la mobilité étudiante afin qu’il puisse être possible de poursuivre une partie de ces programmes à l’étranger. De même, il a adhéré à deux suggestions du CIEP consistant à réfléchir, d’une part, aux méthodes de sélection des candidates et candidats au doctorat et, d’autre part, à assurer une meilleure cohérence entre les cours par une dynamisation du dialogue au sein du corps professoral.

Le doyen André Darveau de la Faculté des sciences et de génie a présenté son plan d’action, à la suite des recommandations du CIEP, qui vise les programmes de baccalauréat, de maîtrise et de doctorat en physique et de maîtrise en physique médicale. Il a commenté les principales recommandations, dont celle qui a trait à l’amélioration du contenu de certains cours au baccalauréat en physique et celle concernant l’exactitude de l’information au sujet des exigences de résidence des programmes de maîtrise et de doctorat en physique ainsi que de maîtrise en physique médicale. Il a ensuite expliqué les causes de la baisse des offres d’admission et des inscriptions à la maîtrise en physique médicale.

Le CIEP considère que les comités respectifs de programme de la maîtrise et du doctorat en aménagement du territoire et en développement régional doivent participer activement à la mise en application de ses recommandations afin que leur suivi soit un succès. Les membres du CU ont donc approuvé les principales recommandations suivantes : mettre en place des mesures afin d’accroître la capacité d’accueil à la maîtrise avec mémoire et au doctorat, accorder plus d’importance à la formation dans le domaine des systèmes d’information géographique (SIG) à la maîtrise et soutenir davantage les étudiants qui sont à la recherche d’un stage. Ils ont aussi donné leur accord à ce que lesdits comités examinent la vision facultaire qui devrait imprégner leurs programmes, qu’ils revoient les exigences d’admission à la maîtrise et qu’ils réfléchissent à la formation sur la planification stratégique du développement territorial à la maîtrise.

La révision de critères de promotion professorale

Les principales modifications aux critères de promotion à l’agrégation et à la titularisation sont dans divers départements les suivantes :
– Au Département d’opérations et systèmes de décision, la modification porte sur le resserrement des critères liés à la recherche
– Au Département de mathématiques et de statistique, la modification concerne la clarification du statut des revues scientifiques acceptées pour tenir compte de la prolifération de revues, souvent virtuelles, dont la crédibilité scientifique est sérieusement mise en doute par la communauté de recherche en mathématiques et en statistique.
– Au Département de biochimie, de microbiologie et de bio-informatique, la modification concerne les critères pour l’agrégation, dont la capacité de dispenser un enseignement en français. Quant à la titularisation, les contributions dites « remarquables » en enseignement et en recherche ont été mieux définies et détaillées comme critères de promotion.

Jacques Rivet, cc


À L’HORIZON

Tensions et tendances

L’héritage d’une rationalité économique à l’aune de l’événement

Le professeur Gérard Bélanger du Département d’économique a récemment publié un livre numérique qui présente une série de textes qu’il a rédigés pour «Le blogue des économistes québécois, LIBRES ÉCHANGES» au cours des trois dernières années. Depuis un an, ils ont également paru dans le Huffington Post Québec. Au sommet de sa carrière universitaire, il a profité de cette entreprise de rédaction pour aborder divers thèmes économiques souvent en référence à l’actualité du moment. Gérard Bélanger ne craint pas de les aborder sous un angle original où transparaît une pensée plus scientifique que normative. Il traite de 11 thèmes généraux en autant de chapitres qui rassemblent 64 articles. Le thème de «L’université» au chapitre 6 contient huit articles, dont celui sur «la détérioration des études de premier cycle».

Dans le premier chapitre de cet ouvrage-bilan de sa pensée économique, il réfléchit sur son rôle de professeur d’université dans l’article reproduit ci-après. -JR


Ma profession, traducteur

par Gérard Bélanger, professeur titulaire, Département d’économique


Le professeur titulaire, Gérard Bélanger.

Vivant une quarante-cinquième année comme professeur d’économique, c’est le moment de jeter un regard sur le passé pour résumer le contenu de ma carrière. Elle se résume en un seul mot, celui de traducteur. C’est la traduction ou l’application des travaux majeurs d’économistes au milieu. L’objectif n’est pas d’innover, mais plutôt de transmettre les connaissances en essayant d’assimiler les développements dans différents secteurs de la discipline et de les traduire à son environnement. Ce rôle s’inscrit dans la division du travail à l’intérieur du secteur des connaissances. Ici, le côté novateur demeure accidentel [1].

Le déclin du rôle

Au temps de mes études, aux deux premiers tiers des années soixante, la science économique était généralement définie par son objet plutôt que par sa méthodologie, soit l’étude des phénomènes monétaires ou des échanges marchands. Avec l’étude des grands agrégats, la macro-économique occupait presque toute la place. Dans les récentes décennies, la science économique s’est diversifiée et a fait montre d’un certain impérialisme en étendant son application aux phénomènes sociaux, marchands ou non, et en insérant l’homo economicus rationnel à la recherche de son bien-être dans toutes sortes de dimensions de l’activité sociale.

Dans son livre, Wealth of Nations, Adams Smith avait intitulé le troisième chapitre «That the Division of Labour is Limited by the Extent of the Market». L’expansion de la science économique, caractérisée par le nombre croissant d’économistes et par la quantité des revues académiques, a favorisé la spécialisation. Dans les années soixante, un économiste pouvait se tenir à jour en consultant une dizaine de périodiques; aujourd’hui, c’est ce nombre simplement pour un secteur précis d’étude, sans compter les autres formes de publication comme le monticule annuel des documents de travail. Dans cet univers, le professeur généraliste, qui avait une place importante il y a quelques décennies, s’apparente aujourd’hui à une forme de dinosaure.

La détérioration des études de premier cycle

Au début de ma carrière, les activités du généraliste conservaient une grande complémentarité avec les études du premier cycle. L’université a évolué. La dépréciation des études de baccalauréat reflète les incitations qu’affronte l’universitaire dans un monde de plus en plus spécialisé. Le chercheur vise la reconnaissance des membres de sa discipline et reçoit les nombreuses décharges d’enseignement à l’intérieur de son université. Ses travaux conservent quelque complémentarité avec les études avancées. La promotion dépend des activités de recherche et l’inflation des notes achète la paix.

La détérioration des études de premier cycle est un phénomène généralisé et très bien documenté en Amérique du Nord : la taille des classes s’est accrue, les recours à des pigistes aussi; le résultat a été une réduction du temps d’étude et une inflation des notes. Aujourd’hui, l’étudiant à temps complet est à temps partiel à l’université. Pour l’universitaire, l’étudiant de baccalauréat a perdu de son intérêt.

Où se logeront les traducteurs?

Si les généralistes ou les traducteurs conservent dans les départements disciplinaires une place extrêmement réduite, si elle existe d’ailleurs, où se logeront- ils? J’y vois deux endroits possibles. Le premier est celui des écoles professionnelles comme les facultés d’administration, qui peuvent privilégier un enseignement davantage orienté sur les aspects pratiques. Ces écoles subissent elles aussi la dynamique de la spécialisation. Le deuxième endroit viendrait du développement d’institutions orientées exclusivement vers la formation du premier cycle, à l’exemple de l’Université Bishop’s. Soumises à une telle concurrence, les universités traditionnelles prendraient plus au sérieux la formation du premier cycle. Malheureusement, la société québécoise est peu ouverte à la concurrence institutionnelle, même si elle l’a acceptée au niveau de l’éducation secondaire, tout probablement à cause de l’importance historique des écoles privées.

Une incertitude demeure : les technologies de l’information bouleverseront l’enseignement universitaire au cours des prochaines années dans des directions insoupçonnées.

Conclusion

C’est la vie : l’environnement évolue, l’université se transforme et l’enseignant généraliste devient un dinosaure qui tombera à la retraite… avant le dernier souffle.

——————————–

[1]Grâce à la collaboration majeure de Jean-Luc Migué (professeur émérite, ÉNAP, 2010), j’ai participé à deux contributions novatrices aux premiers lustres des années soixante-dix : la publication d’un premier manuel d’économique de la santé, où l’interdépendance de l’offre et de la demande (Supply induced demand) était explicitée pour une première fois et la critique du modèle initial de la bureaucratie de Niskanen.


« OYEZ! OYEZ! OYEZ! »

Faites parvenir vos réactions et commentaires au communicateur civique
à son adresse de courriel :

communicateur.civique@spul.ulaval.ca


Mise en page : FTS

— Retour

© Tous droits réservés Syndicat des professeurs et professeures de l’Université Laval 2024